Ostéopathie et torticolis congénital musculaire du nourrisson par Florian Gaubert, ostéopathe à Uchaud dans le Gard

Dans cet article nous verrons les principales notions à connaître sur le torticolis congénital musculaire du nourrisson et pourquoi l’ostéopathie est nécessaire dans sa prise en charge pluridisciplinaire.

Préambule

Le torticolis congénital musculaire se défini comme une attitude asymétrique et permanente de la tête et du cou du nourrisson, généralement en inclinaison homolatérale et rotation controlatérale et ce, depuis la naissance de l’enfant. En effet, cette position de tête est due à une rétraction du muscle sterno-cléido-occipito-mastoïdien (SCOM)(cf image ci-dessous) d’un côté, empêchant la mobilité dans certains paramètres du rachis cervical. Une petite masse fibreuse, appelée « olive », est parfois visible lors de la palpation de ce muscle. 

Représentation anatomique du SCOM droit et ses insertions sur le squelette, par Florian Gaubert, ostéopathie à Uchaud dans le Gard
Représentation anatomique du SCOM droit et ses insertions sur le squelette

Le torticolis congénital musculaire est une pathologie du nouveau-né dont l’évolution spontanée est favorable dans plus de 80 % des cas. Mais s’il n’évolue pas et qu’il n’est pas traité, il peut être à l’origine de conséquences difficilement résolvables par la suite. C’est pourquoi, il est nécessaire de le prendre en charge le plus tôt possible, dès les premières semaines de vie

Les facteurs de risque du torticolis congénital musculaire du nourrisson

Nous retrouvons : 

-> Les facteurs de risques pendant la grossesse : 
  • grossesse multiples : jumeaux, triplés …
  • position en siège ou transverse
  • oligoamnios : trop peu de liquide amniotique
  • défaut anatomique du SCOM
  • poids du bébé élevé
  • menace de prématurité
  • bébé qui bouge peu 
  • nombreuses contractions 
-> Les facteurs de risque lors de l’accouchement : 
  • circulaire du cordon ou bretelle : cordon autour du cou, de l’épaule …
  • césarienne
  • travail long ou au contraire, très court
  • sortie par voie basse instrumentale : forceps, ventouses, spatules
  • fracture d’une clavicule au moment de l’accouchement 

Les conséquences d’un torticolis congénital musculaire

Elles sont diverses et sont dépendantes du délai de prise en charge du torticolis. Certaines sont encore discutées à ce jour. Nous pouvons retrouver, par exemple : 

  • un méplat pariéto-occipital unilatéral (de la partie postérieure du crâne), appelée plagiocéphalie
  • des troubles oculaires : astigmatisme, affection du développement du champ oculaire, pseudoptosis (paupière tombante ou sourcil plus bas que l’autre)
  • une possible asymétrie du visage
  • des risques accrus de canal lacrymal bouché : l’oeil de l’enfant pleure en continu
  • une déformation de la mâchoire perturbant « l’articulé dentaire » et à l’origine d’un défaut d’occlusion dentaire
  • des troubles ORL comme les otites chroniques moyennes à cause d’une dysfonction de la trompe d’Eustache (une étude très intéressante montre d’ailleurs le lien entre la plagiocéphalie et cette problématique), les sinusites chroniques …
  • des troubles de l’équilibre
  • une pathogénèse commune entre scoliose, attitude scoliotique et plagiocéphalie, c’est à dire l’hypothèse de risques accrus de développer une scoliose lors de la puberté, sans aucun consensus actuel à ce sujet

La prise en charge pluridisciplinaire du torticolis congénital musculaire du nourrisson

  • la kinésithérapie est prescrit par le pédiatre contre le défaut de mobilité cervicale. Son but est d’observer et d’évaluer la neuromotricité de l’enfant et de procéder à une rééducation motrice du nourrisson via des stimulations spécifiques et des jeux adaptés. Le travail en kinésithérapie est donc un travail actif pour l’enfant.
  • il est recommandé de faire un bilan en ostéopathie le plus tôt possible lorsque l’enfant présente un torticolis congénital musculaire. Plus l’enfant est pris en charge et diagnostiqué tôt, meilleurs seront les résultats. En ce sens, il est recommandé d’emmener l’enfant en consultation d’ostéopathie dès les premiers jours de vie ! En effet, il ne faut pas oublier que les effets seront d’autant plus longs et lents à obtenir que le bilan sera tardif ! A titre d’exemple, il est très compliqué voire impossible de corriger une asymétrie du crâne, conséquence fréquente du torticolis, lorsque l’enfant a plus de 4-5 mois. L’association de la kinésithérapie à une prise en charge ostéopathique donnera toutes les chances au nourrisson de récupérer une mobilité physiologique.
  • la chirurgie est parfois nécessaire, mais rare, pour traiter la rétraction musculaire du SCOM

La prise en charge ostéopathique du torticolis congénital en ostéopathie 

L’ostéopathe commence par réaliser une anamnèse avec les parents de manière à avoir une vision détaillée du déroulement de la grossesse et de l’accouchement (instrumentation, position en siège, césarienne, etc …) pour détecter certains facteurs de risque du torticolis congénital musculaire. Il posera des questions diverses afin de prendre connaissance de l’environnement du nourrisson.

Ensuite, il réalise un diagnostic palpatoire précis et global afin de cibler les régions du corps pouvant être dysfonctionnelles et en lien avec le torticolis du nourrisson.

La phase de traitement consiste ensuite à prendre en charge les dysfonctions retrouvées grâce à des techniques adaptées, douces, sans danger et sans douleurs pour l’enfant afin de redonner un équilibre global à l’ensemble du corps et ainsi le soulager. Le but est de stimuler la mobilité du rachis cervico-dorsal, mais aussi de traiter toutes les structures du corps en dysfonctions, pouvant affecter la récupération de l’enfant.

Il est important de rappeler qu’aucune manipulation articulaire n’est pratiquée sur le nourrisson !

Conseils de votre ostéopathe en cas de torticolis congénital musculaire de votre nourrisson

  • alternez la position pour donner le biberon, en changeant régulièrement de côté
  • alternez et changez régulièrement la façon de porter votre nourrisson
  • n’utilisez pas de matériel de puériculture qui immobilise votre bébé et l’empêche de bouger le corps et la tête (cale tête, transat, doomoo, cocoonababy, balancelle …)
  • évitez les arches de jeux juste au dessus du visage de votre enfant
  • avec des jeux de lumières et l’émission de sons dirigés, stimulez le regard du bébé dans toutes les directions de l’espace pour augmenter la mobilité de la tête et diminuer la pression qui s’applique sur une zone restreinte de son crâne
  • sous surveillance des parents, il est extrêmement bénéfique de faire découvrir au bébé la position sur le ventre 3 fois par jour entre 10 et 15 minutes par session
  • variez et multipliez les positionnements du bébé. A chaque fois qu’il se retrouvera dans une position différente, ses appuis vont évoluer et ses sens s’éveilleront chaque fois un peu plus. Dans ce sens, il est recommandé d’utiliser un tapis d’éveil ! 

Ces exercices ne dispensent évidemment pas d’un traitement médical et paramédical adapté, mais ils permettront de potentialiser les résultats d’une prise en charge pluridisciplinaire, en stimulant votre enfant au quotidien !

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