Cet article a pour but d’expliquer pourquoi les croyances que nous avons sur l’origine du mal de dos sont vaines et pourquoi le mythe de la mauvaise posture doit être abandonné.

Des croyances anciennes … qui perdurent

Nous avons longtemps cru que la posture jouait un rôle important dans l’apparition d’une rachialgie, c’est à dire d’une douleur du dos. Cette affirmation s’articule autour de concepts biomécaniques développés à partir des années 1970. Ceux-ci ont conduit à déconseiller certaines postures au détriment d’autres. En effet, certaines seraient délétères pour le dos alors que d’autres seraient plutôt conservatrices voire protectrices. Pourtant, la science a totalement démontré l’inverse … 

De quelles postures parlons-nous ?

Parmi les postures qui seraient défavorables pour le dos, nous retrouvons très fréquemment :

  • l’hyper-extension lombaire, notamment chez les personnes très lordosées (qui ont une augmentation de courbure lombaire)
  • la position allongée sur le ventre
  • les positions accroupies ou agenouillées, notamment chez le travailleur manuel
  • les positions assises, « avachies », surtout chez les adolescents à l’école
  • les postures en torsion du buste
  • les postures en flexion de la colonne vertébrale, etc … 

Au contraire, les postures qui protégeraient le dos et qui sont le plus couramment conseillées seraient :

  • de « se tenir bien droit », ce qui n’est absolument pas naturel pour le corps. En effet, les courbures du dos sont physiologiques et nécessaires au bon fonctionnement de la colonne vertébrale
  • de dormir préférentiellement sur le dos ou sur un côté
  • de plier les genoux pour ramasser un objet au lieu de pencher le dos en avant, notamment lors des ports de charge. Certains courants de bien pensance conseillent même … de ne faut rien porter, ce qui est évidemment impossible dans la vie quotidienne
  • etc … 

Ces recommandations sont loins d’avoir fait leur preuve et sont à abandonner. Les grandes instances de santé européennes vont dans ce sens. Les programmes pour réduire les ports de charge, les cours de manutention et les séances d’éducation à l’ergonomie rachidienne n’ont montré aucune efficacité sur le long terme !

De plus, ces croyances confortent malheureusement les individus à croire que leur dos est fragile et que leur activité physique, au quotidien comme dans la vie professionnelle, « abîme » leur corps. Ces personnes là développent bien souvent ce qu’on appelle une kinésiophobie, c’est à dire la peur de réaliser une activité pouvant provoquer une douleur. Par conséquent, les patients ayant des douleurs du dos sont très souvent des individus qui ne font pas assez d’exercice physique car ils sont convaincus que l’activité est néfaste pour eux.

Pourtant, à l’heure actuelle, la seule mesure ayant pu démontrer une efficacité préventive contre le mal de dos est la pratique d’une activité physique régulière, entre 1h30 et 2h au minimum par semaine !

Ce que la science nous prouve :

  • l’intensité des efforts physiques quotidiens, majoritairement déterminée par l’activité professionnelle, n’influence que de manière marginale (environ à hauteur de 5 %) l’évolution structurelle du rachis (arthrose ou discopathie) au cours de la vie. Celle-ci est essentiellement déterminée par la génétique (30 %), l’âge (15 %) et des facteurs encore inconnus (50 %)
  • il est démontré que des postures en hyper-extension déconseillées pour le bas du dos sont largement bénéfiques pour des patients lombalgiques ayant une préférence à l’extension lombaire
  • de même, une étude récente de grande qualité, incluant plus de 1 000 adolescents, n’a montré aucun lien statistiquement significatif entre la posture du rachis et l’apparition de douleurs cervicales
  • une autre étude a aussi montré que changer notre position assise en modifiant nos postes de travail (ce que l’on appelle « les interventions ergonomiques ») a peu voire pas d’impact sur le développement de douleurs cervicales
  • il n’existe aucun lien de causalité entre l’apparition d’une lombalgie et les activités professionnelles demandant :

-> des mouvements intenses en flexion ou torsion du rachis
-> de tirer ou de pousser des charges
-> de s’agenouiller ou de s’accroupir
-> une station debout prolongée
-> des déplacements journaliers nombreux
-> de porter des charges au quotidiens (en deçà de 25 kg par charge)

A titre d’exemple marquant, une étude comparant les résultats d’IRM lombaires sur la structure du dos de vrais jumeaux de 60 ans ne montre aucune différence en terme d’arthrose ou de discopathie. Pourtant, l’un a une activité sédentaire et l’autre est agriculteur !

Conclusion

L’association de « mauvaises postures » avec l’apparition de douleur du dos n’est qu’idée reçue. Ceci est complètement remis en cause ces dernières années par les preuves scientifiques actuelles.

En revanche, plusieurs études révèlent qu’un mauvais sommeil, un niveau d’activité réduit et une augmentation du stress sont autant de paramètres qui influencent davatange l’apparition de douleur du dos.

Les patients qui se protègent derrière l’excuse de ne pas pouvoir faire d’activité physique car leur dos est « fragile » sont alors prévenus ! 

Pour toute question supplémentaire, n’hésitez pas à me contacter !