Introduction
L’asymétrie posturale d’un nourrisson fait référence à la notion de « préférence positionnelle », impliquant une habitude posturo-motrice prise par le nourrisson à la fois pendant le sommeil et l’éveil, qui est transitoire à condition qu’elle soit traitée si elle n’évolue pas spontanément et rapidement.
Souvent, l’asymétrie posturale est caractérisée par une préférence à la rotation et inclinaison controlatérales du rachis cervical associées à une convexité du tronc du côté de l’inclinaison de la tête. La posture de l’enfant est alors décrite en « virgule », en « banane » ou en « scoliose en C » (cf image ci-dessous). C’est pour cela que certains parlent aussi du « syndrome du bébé moulé ».
Une asymétrie posturale n’empêche pas l’enfant de bouger mais elle est simplement le témoignage d’une empreinte neuro-musculaire préférentielle.
Il existe plusieurs facteurs de risque pouvant favoriser, entraîner et / ou maintenir la posture du nourrisson dans cette conformité, notamment au moment de la vie intra-utérine (primiparité, position en siège ou transverse, bébé qui bouge peu, oligoamnios, etc …), lors de l’accouchement (travail long ou très court, sortie par voie basse instrumentale, circulaire du cordon ou bretelle, etc …) ou après la naissance (alimentation au biberon unilatérale, utilisation d’articles de puériculture immobilisant l’enfant, etc …).
L’asymétrie positionnelle peut tout à fait se résorber spontanément lorsque l’environnement dans lequel l’enfant grandit permet de lutter contre sa préférence posturale via des stimulations neuromotrices adaptées et suffisantes. En outre, les parents ont alors un rôle important à jouer pour stimuler la motricité libre de l’enfant.
Mais l’évolution spontanée n’est pas systématique et certaines études montrent que ce trouble postural peut persister si l’enfant n’est pas pris en charge efficacement. La conséquence principale consensuelle est alors une déformation crânienne positionnelle bien connue aujourd’hui : la plagiocéphalie. Elle consiste en la formation d’un méplat pariéto-occipital unilatéral par aplatissement d’un côté de l’arrière du crâne résultant d’une augmentation de pression de contact localisé.
C’est pourquoi, des chercheurs se sont intéressés à l’efficacité que pouvait avoir l’ostéopathie dans la prise en charge de l’asymétrie posturale du nourrisson.
L’étude scientifique
Un essai contrôlé randomisé paru en 2006 dans le « Developmental Medicine and Child Neurology » a inclus 32 nourrissons âgés de 6 à 12 semaines, présentant tous une asymétrie posturale diagnostiquée avec une échelle de mesure standardisée. Les 32 nourrissons ont été aléatoirement répartis dans deux groupes : 16 ont été inclus dans un groupe traité en ostéopathie et 16 ont été inclus dans un groupe témoin, faussement traité en ostéopathie, c’est à dire traité par placebo.
Les nourrissons des deux groupes ont été traités une fois par semaine pendant un mois. L’évolution de leur degré d’asymétrie a été évaluée à l’aide d’un suivi de mesures prises par vidéos, par trois observateurs indépendants ne sachant par dans quel groupe était assigné chaque enfant, pour ne pas biaiser les résultats observés. Les observateurs disposaient d’une échelle de mesures leur permettant de quantifier l’évolution de l’asymétrie au cours des traitements, réels ou placebos.
Les résultats
En résumé, ils montrent que :
- dans le groupe placebo, 5 nourrissons ont présenté une amélioration significative de leur asymétrie positionnelle, 8 nourrissons n’ont pas du tout évolué et 3 nourrissons ont vu leur asymétrie s’aggraver
- dans le groupe réellement traité en ostéopathie, 13 nourrissons ont présenté une amélioration significative de leur asymétrie positionnelle et 3 nourrissons n’ont pas du tout évolué
L’analyse statistique de ces résultats révèle que le traitement ostéopathique améliore significativement le degré d’asymétrie des nourrissons comparé au traitement placebo, bien au delà de l’évolution spontanée que l’on peut retrouver sur 5 nourrissons dans le groupe témoin.
Conclusion et conseils
L’asymétrie posturale étant l’un des principaux facteurs de risque pour le nourrisson de développer une déformation crânienne positionnelle de type plagiocéphalie, cette étude plébiscite une fois de plus l’intérêt de la prise en charge ostéopathique de ce motif de consultation fréquent dans le domaine de la périnatalité et de la pédiatrie.
À ces résultats s’ajoutent les données d’études cliniques plus récentes sur l’efficacité de la prise en charge de la plagiocéphalie, déformation crânienne la plus couramment étudiée et obervée et souvent secondaire à un trouble posturo-moteur présentement décrit ici.
D’autre part, si l’environnement de l’enfant joue un rôle constant et primordial dans son évolution, il est nécessaire de tout mettre en oeuvre pour développer de manière optimale sa motricité libre. Voici alors quelques conseils à appliquer le plus tôt possible :
- alterner la position pour donner le biberon, en changeant régulièrement de côté
- alterner et changer régulièrement la façon de porter votre nourrisson
- ne pas utiliser de matériel de puériculture qui immobilise votre bébé et l’empêche de bouger le corps et la tête. C’est le cas des cosy dans les trois premiers mois de vie ainsi que des cales-têtes !
- avec des jeux de lumière et l’émission de sons dirigés, il est nécessaire de stimuler le regard du bébé dans toutes les directions de l’espace pour augmenter la mobilité de la tête et diminuer la pression qui s’applique sur une zone restreinte de son crâne
- sous surveillance des parents, il est extrêment bénéfique de faire découvrir au bébé la position sur le ventre 3 fois par jour entre 10 et 15 minutes par session
- varier et multiplier les positionnements du bébé. A chaque fois qu’il se retrouve dans une position différente, ses appuis vont évoluer et ses sens s’éveilleront chaque fois un peu plus. Dans ce sens, il est recommandé d’utiliser un tapis d’éveil !
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