Cet article a pour but de montrer que l’ostéopathie peut apporter une aide efficace aux patientes qui souffrent d’endométriose en exposant les résultats de deux études cliniques et les conclusions des recommandations de prise en charge publiées par la Haute Autorité de Santé.
Introduction
-> Pré-requis :
L’utérus est un organe reproducteur féminin, situé dans le bassin, entre la vessie en avant et le rectum en arrière. Il fait saillie dans le vagin et est constitué de deux parties, le corps et le col, séparés par l’isthme utérin.
Cet organe est composé de trois couches de tissus, de la surface à la profondeur : le périmétrium dont le rôle est de sécréter un liquide lubrifiant pour diminuer les frottements avec les tissus en contact, le myomètre, constitué de tissu musculaire lisse et l’endomètre qui est la muqueuse tapissant la cavité de l’utérus, constitué de cellules glandulaires sécrétrices.
Le rôle de l’utérus est d’accueillir un embryon et de l’héberger pendant toute la durée de son développement. L’endomètre est sensible aux hormones sexuelles et s’épaissit au cours du cycle menstruel pour favoriser l’implantation d’un futur embryon. S’il n’y a pas fécondation, l’endomètre finit par se résorber : ce sont les « menstruations » ou « règles ».
-> Qu’est-ce que l’endométriose :
L’endométriose est la formation ou migration de cellules de l’endomètre de l’utérus en dehors de leur localisation anatomique et physiologique. Il en résulte alors la formation de tissu endométrial sur des organes qui en sont donc normalement dépourvus. Le plus fréquemment, l’endométriose concerne les organes du pelvis (ligaments utéro-sacrés, cul-de-sac vaginal postérieur, vessie, uretères …) mais peut parfois aussi toucher les organes de la cavité abdominale (rectum, jonction recto-sigmoïdienne, appendice vermiforme, etc …), pouvant aller jusqu’au diaphragme et aux poumons. Des cellules endométriales ont déjà été retrouvées dans le cerveau, mais cette localisation reste, à priori, exceptionnelle.
-> Causes :
Plusieurs théories expliqueraient la formation ou migration des cellules de l’endomètre en dehors de la cavité utérine. La plus probable, expliquée par la HAS (Haute Autorité de Santé) et le CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens de France) dans leurs recommandations sur la prise en charge de l’endométriose publiées en 2017, serait la théorie du reflux mentruel, dans laquelle des fragments d’endomètre seraient régurgités, au moment des règles, dans la cavité péritonéale où ils vont s’implanter, se développer et parfois envahir les structures pelviennes. D’autres théories physiopathologiques ont également été proposées sans qu’elles ne permettent d’expliquer la répartition anatomique variée et diffuse des lésions. Nous pouvons citer, sans les développer ici, la théorie de la métaplasie, la théorie des cellules souches endométriales et la théorie des emboles lymphatiques et vasculaires.
-> Prévalence :
La prévalence et l’incidence de l’endométriose sont difficiles à évaluer précisémment, car leur estimation est faussée par la nécessité d’un diagnostic chirurgical de la maladie. Nous savons que l’endométriose peut toucher toutes les femmes, qu’elles soient réglées ou ménopausées. Les femmes ayant également subies une hystérectomie (ablation de l’utérus voire de ses annexes) peuvent aussi être concernées par de l’endométriose. Elle est souvent diagnostiquée par hasard avec un retard diagnostic moyen estimé à sept ans.
-> Les symptômes cliniques :
La corrélation entre l’endométriose et la présence de symptômes n’est pas systématique et absolue, quel que soit son degré de sévérité. Un diagnostic histologique n’est donc pas toujours synonyme de maladie. En d’autres termes, il est tout à fait possible d’avoir une endométriose profonde avec atteinte viscérale (atteinte digestive, par exemple), être parfaitement asymptomatique sur le plan douloureux et avoir des enfants sans aucune difficulté.
Les signes cliniques pourraient apparaître lorsque le tissu endométrial qui se développe au dépend d’autres organes entraîne un phénomène inflammatoire chronique, une infiltration des fibres nerveuses responsables d’une sensibilisation neuropathique, la formation d’adhérences et de tissu cicatriciel.
Les principaux symptômes que l’ont peut retrouver varient selon la localisation de l’endométriose. Il existe en effet une corrélation significative entre la localisation des lésions d’endométriose et le type de douleur.
Voici les symptômes les plus fréquemment décrits sans qu’ils ne soient forcément tous associés :
- des douleurs pelviennes chroniques et invalidantes pouvant diffuser voire irradier dans les membres inférieurs et / ou dans la région lombo-pelvienne
- des dysménorrées sévères, c’est à dire des douleurs de règles non soulagées par la prise d’antalgiques
- des dyspareunies profondes, c’est à dire de fortes douleurs lors des rapports sexuels
- des douleurs lors de la défécation à recrudescence cataméniale, c’est à dire majorées pendant les règles
- des signes fonctionnels urinaires à recrudescence cataméniale, c’est à dire une difficulté à uriner, là aussi majorée lors des règles
- parfois des troubles de la fertilité pouvant aller jusqu’à l’infertilité. Les données scientifiques ne montrent pas de systématisation de trouble de la fertilité en lien avec l’endométriose.
- de la fatigue, de l’irritabilité et / ou de la dépression
-> Les traitement médicaux conventionnels de l’endométriose :
Ils sont variables en fonction de l’histoire de la maladie. Nous retrouvons :
- le traitement hormonal : différentes options sont possibles selon les cas, comme la contraception œstroprogestative, la système intra-utérin au lévonorgestrel, la contraception au désogestrel, l’implant étonogestrel, l’antagoniste de la GnRH, etc …
- le traitement antalgique médicamenteux : la gabapentine et l’amitryptiline ont en effet montré un intérêt dans le traitement de douleurs pelviennes chroniques
- le traitement chirurgical : il est guidé par les attentes de la patiente, le souhait de grossesse, l’efficacité et les effets indésirables des traitements, l’intensité et la caractérisation de la douleur, la sévérité et la localisation de l’endométriose
D’autres traitements non médicamenteux peuvent être utilisés dans la prise en charge de l’endométriose, comme le préconise la Haute Autorité de Santé. C’est le cas de l’ostéopathie qui a montré, entre autre, une amélioration de la qualité de vie chez des patientes ayant des douleurs liées à l’endométriose.
Les études scientifiques existantes évaluant la prise en charge de l’endométriose en ostéopathie
-> Une étude pilote publiée en 2015 (étude de petite ampleur dont le rôle est de déterminer l’intêret et la faisabilité d’une étude de plus grande envergure) publiée dans le « European journal of obstetrics, gynecology and reproductive biology » a cherché à évaluer l’impact que pouvait avoir un traitement ostéopathique sur la qualité de vie de patientes atteintes d’endométriose profonde colorectale. L’étude a inclus vingt patientes présantant une endométriose colorectale. Chaque patiente a été traitée en ostéopathie et a rempli avant et après le traitement un questionnaire (SF-36 QOL) évaluant sa qualité de vie au travers de composantes symptomatiques physiques et psychologiques de la pathologie.
-> Une autre étude pilote publiée dans la revue française « Gynécologie, Obstétrique, Fertilité et Sénologie » en 2017 a aussi cherché à évaluer l’impact que pouvait avoir un traitement ostéopathique sur les patientes ayant une endométriose colorectale. Dans cette étude, quarante-six patientes présentant une endométriose colorectale ont complété les questionnaires (SF-36) de symptômes et de qualité de vie avant et après traitement ostéopathique.
Leurs résultats
- les résultats révèlent une amélioration significative après la prise en charge en ostéopathie des symptômes physiques et psychologiques de l’endométriose en moyenne après 24 jours pour la première étude et 28 jours pour la deuxième
- une amélioration significative des symptômes gynécologiques, digestifs et généraux a été constatée
- en revanche, on ne constate pas d’amélioration pour les symptômes urinaires
- dans la première étude, les résultats révèlent un taux d’amélioration de 80 % en moyenne pour les symptômes physiques et de 60 % pour les symptômes psychologiques
- la seconde étude a établi des pourcentages d’amélioration du questionnaire de qualité de vie (SF-36) allant de 30 % à 64 %
- enfin, les résultats montrent que plus les patientes sont symptomatiques, plus le soulagement et le taux de réussite obtenu après la traitement ostéopathique est important
La prise en charge de l’endométriose par votre ostéopathe
L’ostéopathe commence d’abord la consultation par une anamnèse précise et détaillée afin d’avoir toutes les informations nécessaires pour l’aider à élaborer son diagnostic.
Ensuite, il réalise un bilan complet du corps afin de repérer toutes les dysfonctions pouvant entretenir et favoriser les symptômes de l’endométriose sans uniquement se restreindre à la région symptomatique. Ces dysfonctions peuvent concerner toutes les structures du corps : muscles, tendons, éléments capsulo-ligamentaires, fascias, organes viscéraux, etc …
Vient ensuite la phase de traitement, dans laquelle l’ostéopathe met en place différentes techniques pour lever le schéma dysfonctionnel diagnostiqué précédemment. En travaillant sur les restrictions de mobilité, sur les adhérences tissulaires, les inflammations résiduelles, les perte d’élasticité des fascias, les troubles de tonicité des tissus musculaires, le but est de diminuer l’ensemble des contraintes perçues par les tissus atteints directement ou indirectement par l’endométriose.
Conclusion
L’ostéopathie améliore significativement et cliniquement la qualité de vie et la symptomatologie de l’endométriose et doit être intégré à sa prise en charge pluridisciplinaire.
Comme le précise d’ailleurs la Haute Autorité de Santé dans ses recommandations de bonne pratique sur cette pathologie, l’ostéopathie est efficace et devrait donc être proposée de manière plus systématique en complément d’une prise en charge médicale de l’endométriose.
Si vous avez une question sur cet article « La prise en charge de l’endométriose en ostéopathie », n’hésitez pas à me contacter !