La prévalence de la névralgie du trijumeau est relativement faible, mais cette dernière reste néanmoins un motif de consultation fréquent en cabinet dostéopathie. Voici toutes les explications à savoir pour comprendre l’origine de cette douleur et connaître sa prise en charge !

Névralgie du trijumeau par Florian Gaubert, ostéopathe à Uchaud dans le Gard

Préambule : le nerf trijumeau

Le nerf tri-jumeau (V) est le 5 ème nerf crânien. Il possède une fonction sensitive pour la sensibilité de la peau de la face du sommet du crâne (vertex) au bord inférieur de la mandibule, et une fonction motrice essentiellement pour assurer la mastication.

Représentation anatomique du nerf trijumeau et de ses branches terminales
Représentation anatomique du nerf trijumeau et de ses branches terminales

Le nerf trijumeau possède un territoire étendu en émergeant du tronc cérébral pour venir se poser sur la pyramide pétreuse (ou rocher du temporal), qui présente à sa pointe le ganglion trijéminal situé dans le cavum trijéminal, qui est une expansion de la duremère. Il se divise ensuite en trois branches terminales

  • le nerf ophtalmique (nerf V-1) : il permet l’influx sensitif venant de la partie antérieure et supérieure du cuir chevelu jusqu’à la paupière supérieure. Il se termine en trois branches terminales : le nerf frontal (pour les téguments du front, la partie moyenne de la paupière et la racine du nez), le nerf lacrymal (pour la glande lacrymale) et le nerf naso-ciliaire (pour l’innervation du nez, de la racine et de la pointe du nez et de la partie interne de la paupière supérieure)
  • le nerf maxillaire (nerf V-2) : il distribue de nombreuses branches collatérales et se termine par le nerf infra-orbitaire. Le nerf maxillaire permet la sensibilité de la muqueuse de la cavité nasale, des ailes du nez, de la muqueuse du palais, des dents supérieures, de la peau des joues supérieures, de la lèvre supérieure, de la paupière inférieure, du pharynx et de la trompe d’Eustache
  • le nerf mandibulaire (nerf V-3) : ses fibres motrices innervent les muscles masticateurs (muscles temporal, masséter et ptérygoïdien), les muscles tenseurs du tympan, le muscle tenseur du voile du palais, le muscle mylo-hyoïdien et le ventre antérieur du muscle digastrique. Ses fibres sensitives innervent la partie antérieure de la langue, les dents mandibulaires (inférieures), la peau du menton, la peau de la région mandibulaire (sauf l’angle) et la peau de la région temporale
Distribution des neurofibres sensitives des trois branches terminales du nerf trijumeau
Distribution des neurofibres sensitives des trois branches terminales du nerf trijumeau

Qu’est ce que la névralgie du trijumeau ? 

La névralgie du trijumeau est une atteinte par compression et / ou irritation du nerf trijumeau entraînant des symptômes typiques et très évocateurs suivant le territoire de la branche terminale touchée (V-1, V-2 ou V-3).

Cette atteinte reste assez rare, touche un peu plus les femmes, et apparaît dans 75 % des cas après 50 ans. Des formes plus juvéniles peuvent exister mais font suspecter, en général, une pathologie sous-jacente. 

Ses signes cliniques

La névralgie du trijumeau se caractérise par des crises de douleurs faciales intenses unilatérales, c’est à dire d’un seul côté du visage, souvent décrites comme des décharges électriques et irradiations, pouvant aller jusqu’à la sensation de « broiement », paroxystiques et souvent de courte durée.

Entre les crises douloureuses, dont la fréquence varie, on retrouve dans la plupart des cas des périodes d’accalmie totale, surtout au stade initiale de la névralgie. Cependant, la douleur peut parfois devenir plus permanente selon l’origine et l’ancienneté de la névralgie du trijumeau.

Les patients décrivent aussi volontiers des « tics douloureux » par crispations du visage et une sensation d’augmentation de sensibilité sur le territoire du nerf trijumeau lors de l’effleurement, lors de la parole, au froid, à la déglutition et même lors du rasage, du brossage dentaire, etc … Dans des cas plus rares, les patients peuvent décrire un larmoiement et une rhinorrhée (écoulement nasal) du côté atteint, une rougeur de la peau localisée et une sensation de brûlure sur le territoire nerveux de la banche terminale touchée du nerf trijumeau.

Ses causes possibles

Dans la majorité des cas, la névralgie du trijumeau ne retrouve aucune cause pathologique et son mécanisme d’apparition n’est pas toujours compris. On dit alors que la névralgie est « essentielle » et est très souvent causée par un conflit vasculo-nerveux, c’est à dire par une compression du nerf par une artère ou une veine dans la portion intracrânienne du nerf trijéminal. Ce conflit vasculo-nerveux peut être observé à l’IRM mais reste parfois difficile à mettre en évidence.

La névralgie du trijumeau peut aussi être secondaire à un phénomène pathologique sous-jacent. On dit alors que la névralgie est « symptomatique ». Voici une liste non exhaustive de causes pathologiques pouvant être à l’origine d’une névralgie du trijumeau : 

  • hypertension artérielle
  • sclérose en plaques
  • malformation artério-veineuse, anévrisme
  • névrite optique
  • tumeur : neurinome, méningiome
  • infections de sinus
  • infection dentaire
  • zona
  • fracture de la base du crâne post-traumatique
  • atteinte de l’articulation temporo-mandibulaire
  • etc … 

Ces causes pathologiques entraînent des symptômes souvent plus atypiques que ceux décrits précédemment et permettent alors de poser un diagnostic différentiel de la névralgie du trijumeau dite « essentielle ». 

La prise en charge de la névralgie du trijumeau en ostéopathie 

D’abord, le travail de l’ostéopathe consiste à analyser le mode d’apparition de la douleur et ses caractéristiques pour tenter de comprendre son origine. Le contexte dans lequel la névralgie est apparue et ses éventuels signes associés détermineront bien souvent la meilleure prise en charge à réaliser.

Pour cela, il réalise un interrogatoire détaillé ainsi qu’un examen clinique précis. Si cela est nécessaire, l’ostéopathe peut-être amené à réorienter son patient vers un bilan médical afin de s’assurer qu’une autre pathologie sous-jacente n’est potentiellement pas responsable des symptômes décrits.

Une fois écartée toute cause dont le traitement ne rentrerai pas dans son champ de compétence, l’ostéopathe s’intéresse, entre autre, aux structures anatomiques en lien avec le nerf trijumeau pour diagnostiquer d’éventuels tissus en dysfonction potentiellement impliqués dans la symptomatologie de la névralgie. Ces dysfonctions peuvent concerner la mobilité, la viscoélasticité ou bien encore la texture de certains composants du système somatique.

Son but est alors de traiter le schéma dysfonctionnel retrouvé en mettant en place les techniques les plus adaptées, les plus confortables et surtout les plus efficaces pour soigner le patient. L’action que cherche à avoir l’ostéopathe est globale avec un impact mécanique, neurologique et vasculaire afin de prendre en charge, au mieux, la névralgie du trijumeau.

Selon l’ancienneté de la névralgie, plusieurs consultations pourront être envisagées mais nous pouvons souvent espérer de premiers résultats dès l’issu du premier ou deuxième traitement.

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