Cet article a pour but d’exposer les résultats d’une étude à haut niveau de preuve sur l’efficacité de l’ostéopathie pour la prise en charge des prématurés.

Introduction

Une naissance est prématurée lorsqu’elle survient avant la 37 ème semaines d’aménorrhée, contre 41 au total pour une durée de grossesse normale. On parle de grand prématuré lorsque la naissance a lieu entre la 28 ème et la 32 ème semaine et d’extrême prématuré s’il y a naissance avant 28 semaines.

 

On distingue deux types de prématurité : 

  • la prématurité spontanée qui est souvent la conséquence d’une rupture des membranes ou d’un travail spontané prématuré
  • la prématurité induite, lorsqu’elle est décidée par l’équipe médicale, qui, en présence de facteurs engageant la survie de la mère ou de l’enfant, décide d’arrêter la grossesse en déclenchant l’accouchement ou en pratiquant une césarienne

En France, près de 8 % des naissances sont prématurées, ce qui représente plus de 60 000 cas de prématurité par an.

Les causes de la prématurité

-> les causes obstétricales 

  • malformation utérine
  • grossesse multiple
  • fécondation in-vitro
  • grossesses rapprochées
  • rupture prématurée des membranes, chorio-amniotite
  • placenta praevia, hématome rétro-placentaire

-> les causes foetales

  • anomalie chromosomique
  • retard de croissance intra-utérin (RCIU)
  • souffrance foetale
  • incompatibilité de rhésus

Le pronostic de l’enfant varie en fonction du degré de la prématurité, de sa cause et des conditions de naissance. Plus la prématurité est sévère, plus les séquelles et les risques pour l’enfant sont probables.

Au vu des enjeux de santé publique que représente la prématurité, des scientifiques ont cherché à évaluer l’intérêt d’une prise en charge ostéopathique chez les prématurés directement après leur naissance.

L’étude scientifique

Une méta-analyse (type d’étude ayant le plus haut niveau de preuve scientifique possible) publiée dans la revue « Medicine » en 2017 a référencé cinq essais contrôlés qui étaient, pour quatre d’entres eux, aussi randomisés. Toutes ont été publiées entre 2007 et 2015 et ont étudié l’impact de l’ostéopathie sur l’enfant prématuré.

Ces cinq études ont inclus 1306 nourrissons prématurés qui ont été répartis en deux groupes distincts : un groupe traité en ostéopathie en plus des soins médicaux habituels après la naissance (groupe incluant 645 prématurés) et un groupe non traité en ostéopathie mais seulement par les soins médicaux classiques après la naissance (groupe incluant 661 prématurés). 

Les investigateurs de l’étude se sont intéressés à deux variables précises : la durée d’hospitalisation des nourrissons révélatrice de l’évolution de l’état de santé de l’enfant et le coût financier par prématuré hospitalisé. Le but était alors d’évaluer l’impact de l’ostéopathie sur ces deux variables entre les deux groupes constitués.

Résultats

Les résultats montrent que :

  • les prématurés ayant reçu un traitement ostéopathique en plus des soins médicaux habituels ont présenté une durée d’hospitalisation significativement plus courte que ceux n’ayant pas été traités en ostéopathie. L’étude révèle une diminution globale de 2,71 jours d’hospitalisation en moyenne par rapport à l’autre groupe
  • les grands prématurés (nourrissons nés avant la 32 ème semaine d’aménorrhée) qui ont été traités en ostéopathie sont sortis 9 jours plus tôt en moyenne que ceux du groupe non traité en ostéopathie
  • les prématurés modérés (nourrissons nés entre la 32 ème et la 37 ème semaine d’aménorrhée) qui ont été traités en ostéopathie sont sortis 3,08 jours plus tôt en moyenne que ceux du groupe non traité en ostéopathie
  • les prématurés tardifs (nourrissons nés entre la 37 ème et la 41 ème semaine d’aménorrhée) qui ont été traités en ostéopathie sont sortis 2 jours plus tôt en moyenne que ceux du groupe non traité en ostéopathie
  • le coût financier de l’hospitalisation des nourrissons prématurés traités en ostéopathie est significativement plus faible que celui du groupe non traité en ostéopathie. L’étude révèle une économie moyenne de 1 545 euros par enfant
  • aucun événement indésirable associé au traitement ostéopathique n’a été rapporté sur l’ensemble des 645 nourrissons traités

Conclusion

Ces résultats viennent plébisciter l’efficacité de l’ostéopathie dans la prise en charge des nourrissons prématurés. En effet, le traitement ostéopathique a permis une récupération plus rapide de l’état de santé des prématurés lorsqu’ils étaient traités par cette thérapie manuelle. Les bénéfices sont d’autant plus importants que la prématurité est grande

L’intégration plus systématique des traitements ostéopathiques dans les services de maternité pourrait apporter des bénéfices considérables dans la prise en charge pluri-disciplinaire des enfants prématurés.

Les résultats de cette méta-analyse confirment une fois de plus la relation étroite entre la médecine allopathique et l’ostéopathie qui lorsqu’elles coopèrent dans la complémentarité, augmente de manière significative la réussite de prise en charge d’un patient

Ce à quoi s’ajoute des bénéfices budgétaires majeurs lorsque l’on connait le douloureux rapport entre le poids financier d’une hospitalisation rallongée et la tension économique qui existe au sein des établissements de santé publique.

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