Voici toutes les explications pour savoir reconnaître une épicondylite, comprendre l’origine de cette douleur et connaître sa prise en charge en ostéopathie.

Ostéopathie et épicondylite ou « tennis elbow » par Florian Gaubert, ostéopathe à Uchaud dans le Gard

Préambule

Le coude est un complexe articulaire réunissant l’humérus avec le radius et l’ulna, formé de trois articulations distinctes

  • l’articulation huméro-radiale pour la flexion / extension et les mouvements de prono-supination (mouvements de rotations) et mettant en relation le capitulum de l’humérus et la fossette radiale du radius
  • l’articulation huméro-ulnaire pour la flexion / extension uniquement, mettant en relation la trochlée humérale en forme de poulie et l’incisure trochléenne de l’ulna
  • l’articulation radio-ulnaire uniquement réservée aux mouvements de prono-supination et qui est la relation entre l’extrémité externe de l’ulna et l’extrémité interne du radius
Les surfaces articulaires du coude par Florian Gaubert, ostéopathe à Uchaud dans le Gard
Représentation anatomique des surfaces articulaires du coude

De nombreux ligaments (ligaments collatéraux ulnaire et radial, ligament annulaire, ligament carré ou de Dénucé, ligaments antérieur et postérieur, etc …) ainsi que la capsule articulaire assurent l’union articulaire et permettent la stabilité du coude. La mobilité de ce complexe articulaire est, elle, assurée par de nombreux muscles l’entourant, qui comprennent les muscles du bras répartis en deux loges (antérieure et postérieure) et les muscles de l’avant-bras, plus nombreux, répartis en trois loges (latérale, antérieure et postérieure).

Dans la région anatomique du coude, quatre grands groupes musculaires sont formés : 

  • les muscles fléchisseurs du coude : muscle brachial, muscle biceps brachial, muscle brachio-radial
  • les muscles extenseurs du coude : triceps brachial, muscle anconé
  • les muscles épicondyliens extenseurs du poignet et supinateur du coude : muscles court et long extenseur radial du carpe, muscle supinateur, muscle extenseur commun des doigts, muscle extenseur ulnaire du carpe, muscle extenseur propre du doigt V, muscle anconé et biceps brachial
  • les muscles épitrochléens fléchisseurs du poignet et pronateur du coude : muscles fléchisseur commun superficiel et profond, muscle rond pronateur, muscle fléchisseur radial du carpe, muscle long palmaire et muscle fléchisseur ulnaire du carpe

L’épicondylite ou le « tennis elbow » : définition, signes cliniques et causes

L’épicondylite est l’inflammation des tendons des muscles épicondyliens dans la région de l’épicondyle du coude, causée par des micro-déchirures ou des petites lésions et responsable d’une douleur localisée sur la face postéro-externe du coude ou plus diffuse vers l’avant-bras.

La douleur est reproduite lors de la contraction des muscles épicondyliens, c’est à dire majorée lors de l’extension et la supination du coude, lors de l’extension du poignet  et à la préhension forcée de la main (contraction des muscles épicondyliens). Elle est souvent également reproduite lors de l’étirement des muscles épicondyliens en flexion du poignet lorsque le coude est tendu. Au contraire, la douleur diminue voire disparaît lors du repos total du complexe coude / poignet / main.

L’épicondylite représente près de 22 % des cas de troubles musculo-squelettiques et est très souvent considérée comme une maladie professionnelle.  

Différents facteurs favorisants peuvent conduire à une épicondylite :

  • la pratique de certains sports avec des gestes sollicitant à répétition et avec force les muscles épicondyliens : c’est le cas du tennis qui serait responsable de 5 à 10 % des épicondylites  (d’où le terme « tennis elbow »)
  • après la réalisation de gestes répétés type vissage / dévissage, serrage de manche (marteau, outil type sécateur) lors de travaux manuels nécessitant du travail en force
  • après des activités avec chocs ou réalisation de gestes saccadés
  • suite à une exposition prolongée aux vibrations

Les traitements de l’épicondylite

L’évolution vers la guérison spontanée est souvent longue, entre 9 et 24 mois avec une moyenne de 12 mois. Un traitement précoce accélère la guérison et comprend :

  • la correction des gestes et postures favorisants la douleur par une mise au repos spécifique
  • un traitement médicamenteux adapté : antalgique, anti-inflammatoire, voire infiltration
  • une prise en charge pluri-disciplinaire comprenant de la réeducation fonctionnelle en kinésithérapie (travail actif des tendons épicondyliens notamment, massage, etc …), de l’ostéopathie, de l’acupuncture, etc …
  • un recours à la chirurgie, plutôt rare et dans certaines conditions

La prise en charge de l’épicondylite en ostéopathie

Lorsqu’un patient consulte en ostéopathie pour une douleur liée à une épicondylite, le premier travail de l’ostéopathe consiste à analyser le mode d’apparition de la douleur et ses caractéristiques pour tenter de comprendre son origine. Le contexte dans lequel l’épicondylite est apparue déterminera bien souvent la meilleure prise en charge à réaliser et aiguillera le praticien dans le choix des conseils qu’il pourra donner au patient.

Pour cela, l’ostéopathe réalise un interrogatoire détaillé ainsi qu’un examen clinique précis. Si cela est nécessaire, il peut être amené à réorienter son patient vers un bilan médical afin de s’assurer qu’une autre pathologie sous-jacente n’est pas responsable des symptômes décrits.

Une fois écarté toute cause dont le traitement ne rentrerai par dans son champ de compétence, l’ostéopathe effectue un bilan du coude mais aussi des structures anatomiques en lien direct ou indirect avec lui : poignet / main, ceinture scapulaire, région cervico-dorsale, thorax, etc … 

Son but est de rechercher les zones anatomiques du corps ayant réagi en s’adaptant à différentes contraintes sous l’impulsion d’un réflexe neurologique de protection, pouvant favoriser l’inflammation de certains tissus, plus ou moins à distance, comme les tendons épitrochléens, sur un terrain de sur-sollicitations liée à une activité spécifique provocatrice à corriger (au moins un temps).

L’ostéopathie a donc pour objectif de lever ces réactions de défense en mettant en place les techniques les plus adaptées, les plus confortables et surtout les plus efficaces pour soigner le patient. Elles peuvent être de différents types selon l’objectif du praticien. Il peut choisir de concentrer son action sur la mobilité ostéo-articulaire grâce à des techniques manipulatives ou des  techniques de mobilisation passive. Il peut aussi choisir de spécifier son action sur des troubles de tonicité musculaire grâce à des techniques de ponçage, myotensives ou bien encore d’étirements spécifiques. Il peut également choisir d’agir sur l’élasticité aponévrotique grâce à des techniques plus spécifiques à visée fascia, etc …En bref, selon son bilan, le praticien dispose d’un panel de techniques en ostéopathie qu’il inclus dans un traitement à visée holistique afin de permettre la meilleure prise en charge possible contre l’épicondylite ! 

Conseils pour soulager une épicondylite

Ils sont très importants pour éviter la rechute et garantir la pérennité des résultats de la prise en charge :

  • repérer et éliminer les facteurs de risque favorisants la tendinopathie : par exemple, si le tennis est reponsable de la douleur, il paraît cohérant d’installer une mise au repos en arrêtant au moins temporairement l’activité afin de permettre une récupération optimale
  • réaliser régulièrement et rigoureusement des exercices de contractions isométriques, dans un premier temps, des muscles épicondyliens : reposez le coude sur un support, prenez un poids dans la main (entre 1 et 3 kgs maximum), maintenir une position dans laquelle le poignet est aligné avec l’avant bras et maintenir la position de 15 à 30 secondes, à répéter une dizaine de fois et régulièrement
  • puis lorsque la contraction isométrique des muscles épicondyliens semble plus facile, il est bénéfique de réaliser des exercices de contraction excentrique puis concentrique : dans la même position, avec le poids dans la main, réalisez successivement des flexion / extension du poignet, le coude au repos, une dizaine de fois et régulièrement
  • revoir la configuration du poste de travail lorsque l’activité de bureautique est la principale cause de votre épicondylite : adoptez une souris verticale, posez les coudes sur le bureau, travaillez en détente les bras relâchés, effectuez des mouvements souples plutôt que saccadés, etc … 
  • avoir une alimentation équilibrée pour limiter l’accumulation de toxines dans les tissus, pouvant favoriser le phénomène inflammatoire liée à la tendinopathie
  • bien s’hydrater : l’eau par son action de drainage va diminuer l’inflammation et son action « nourricière » va préserver les tissus du corps !
  • appliquer de l’huile essentielle de menthe poivrée, de gaulthérie ou de lavande (sans masser, à mélanger dans une crème à base neutre pour éviter la brûlure) sur la zone enflammée et laisser agir. Ces huiles essentielles ont des propriétés anti-inflammatoire et antalgique très efficaces. L’huile essentielle de lavande est aussi un décontractant musculaire efficace ! Attention, l’huile essentielle est contre-indiquée dans certains cas, notamment chez les femmes enceintes et les personnes épileptiques !
  • ne pas laisser la douleur de l’épicondylite s’installer et opter pour une prise en charge adaptée en ostéopathie mais aussi pluri-disciplinaire précoce !

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