Introduction

Les facteurs de risque des déformations crâniennes résiduelles constatées chez certains nouveaux-nés sont souvent associés à des accouchements rendus difficiles par une extraction compliquée, ce qu’on appelle « dystocie ». Ces facteurs de risque concernent, par exemple, l’utilisation d’instrumentation comme les forceps ou bien les ventouses, un périmètre crânien du nouveau-né élevé, une durée de travail longue ou au contraire, très courte, une césarienne réalisée en urgence, etc …

Mais est-ce seulement les accouchements mécaniquement difficiles qui peuvent favoriser les déformations du crâne résiduelles après la naissance ? Puisque l’enfant passe par le détroit supérieur du bassin lors de l’accouchement par voie basse, n’est-il pas physiologique d’observer une déformation du crâne, potentiellement résiduelle ensuite, par « moulage » au moment de l’expulsion ? 

Ces mécanismes sont aujourd’hui encore méconnus et soulèvent bien des interrogations. Une équipe médicale française a alors cherché à observer le crâne du nourrisson à l’aide de reconstitutions d’images obtenues par IRM lors d’accouchements par voie basse directement en salle de travail de service de maternité.

L’étude

Il s’agit d’une étude prospective menée au sein du CHU de Clermont-Ferrand et publiée en Mai 2019. Elle a inclus sept femmes enceintes âgées de 21 à 39 ans, examinées par IRM, une fois avant le début de l’accouchement entre la 36 ème et la 39 ème semaine d’aménorrhée et une seconde fois au cours de leur travail dix minutes avant le début des efforts d’expulsion. L’objectif était alors d’observer et d’analyser la forme du crâne et son comportement pendant l’accouchement

Les patientes enceintes ont toutes été prises en charge par une équipe médicale composée d’un obstétricien, d’un radiologue, d’une sage femme et d’un pédiatre. Les analyses d’images ont été réalisées par deux radiologues expérimentés dans le domaine de l’IRM périnatale

Sur les sept accouchements observés, cinq enfants sont nés par voie basse sans instrumentation et deux ont nécessité une césarienne en urgence.

Résultats

Ils montrent que : 

  • comme nous pouvions le présager, aucune déformation du crâne n’a été constatée chez l’ensemble des nourrissons avant le début de l’accouchement
  • en revanche, pendant le travail, les septs nourrissons présentaient une déformation du crâne par moulage de la tête dans le bassin maternel, avec un chevauchement des sutures du crâne, une réduction de taille des fontanelles antérieure (bregmatique) et postérieure (lambdoïde) et une déformation du cerveau consécutive
Les fontanelles et sutures de la voûte crânienne du nourrisson
  • le chevauchement des sutures du crâne est beaucoup plus marqué dans le sens antéro-postérieur. Ce type de déformation porte le nom de « moulage en pain de sucre »
  • les plus grands moulages de tête ont été observés chez deux des trois nourrissons qui ont nécessité une césarienne en urgence
  • d’autre part, sur les sept nourrissons étudiés, deux d’entres eux ont conservé un crâne « moulé en pain de sucre » après l’accouchement

Conclusion

Cette étude montre que le crâne du bébé est soumis à des forces telles qu’il se déforme par moulage lors du passage dans le détroit supérieur du bassin maternel. L’étude montre aussi qu’une importante déformation du crâne n’exclue pas le risque de césarienne non prévue.

Nous comprenons alors l’intérêt de consulter un ostéopathe lors du troisième trimestre de la grossesse. En effet, l’accouchement demande une mobilisation totale du corps de la future maman. Le travail de l’ostéopathe consiste donc à repérer toutes les dysfonctions qui entraînent de potentielles perturbations biomécaniques et à agir ensuite pour diminuer les contraintes liées au passage du foetus dans le canal génito-pelvien lors de l’accouchement.

Nous comprenons aussi l’intérêt de consulter un ostéopathe pour l’enfant, précocement après l’accouchement, afin de prendre en charge d’éventuelles conséquences dysfonctionnelles pouvant être à l’origine de troubles immédiats ou ultérieurs : difficulté lors de l’alimentation par trouble de la succion, troubles digestifs comme les régurgitations ou les coliques du nourrisson, syndrome du canal lacrymal bouché, troubles ORL à répétition, etc

En consultation pédiatrique, l’ostéopathe réalise un diagnostic palpatoire précis et global lui permettant d’établir son diagnostique fonctionnel. Bien sur, il ne s’intéresse pas uniquement au crâne du nourrisson, mais cherchera à effectuer un travail global sur l’ensemble du corps à l’aide de techniques adaptées, douces, sans danger et sans douleurs pour l’enfant afin de redonner un équilibre global à l’ensemble du corps et ainsi traiter le schéma dysfonctionnel diagnostiqué précédemment.

Si vous avez une question sur cet article « La déformation du crâne du nourrisson observée lors de l’accouchement », n’hésitez pas à me contacter !