Le syndrome de Tietze est une indication à consulter en ostéopathie. Retrouvez dans cet article tout ce qu’il faut savoir à son sujet afin de mieux comprendre comment un ostéopathe prend en charge cette atteinte douloureuse.
Préambule anatomique
Pour mieux comprendre le syndrome de Tietze, il est nécessaire d’aborder l’ostéologie (anatomie du squelette) du thorax. De nombreuses structures osseuses composent la cage thoracique, dont :
– le sternum : c’est un os plat, médian, impair et symétrique. Chez l’homme adulte, le sternum mesure environ 17 cm et il est plus court, plus épais et plus large chez la femme. Il se compose de trois parties :
- le manubrium sternal en haut, surmonté par l’incisure jugulaire (ou fourchette sternale) et s’articulant avec les clavicules via les incisures claviculaires, puis avec la 1ère côte et la 2 ème côte en bilatéral via les encoches costales
- le corps du sternum, intermédiaire : il a une forme allongée et fine, et constitue la partie moyenne du sternum. Il donne les encoches costales de la 2 ème paire de côte à la 7 ème paire. La jonction entre le manubrium sternal et le corps du sternum, au niveau de la 2 ème encoche costale, se fait par une synchondrose (union cartilagineuse directe entre deux os) et forme l’angle de Louis. Le bord inférieur du corps du sternum s’articule avec le processus xiphoïde, juste en dessous de l’encoche de la 7 ème côte, pour former l’articulation xipho-sternale, qui est elle aussi une synchondrose
- le processus (ou appendice) xiphoïde, en bas : il s’agit de la plus petite partie du sternum, de forme très variable : large ou mince, pointu, bifide, incurvé en arrière ou plus en avant, dévié vers la droite ou vers la gauche, etc …
– les côtes : au nombre de 12 de chaque côté, donc 24 au total, elles se divisent en deux familles :
- les vraies côtes : il s’agit des sept premières paires de côtes qui s’attachent directement sur le sternum via des cartilages costaux individualisés
- les fausses côtes : il s’agit des 8 ème, 9 ème, 10 ème, 11 ème et 12 ème paires de côtes. Les paires de côtes 8 à 10, appelées « côtes asternales », sont unies au sternum par un cartilage commun. Les 11 ème et 12 ème paires de côtes sont quand à elles appelées « côtes flottantes » car leurs extrémités antérieures sont dépourvus de cartilage et sont donc totalement libres
– les cartilages costaux : ils permettent la jonction entre les côtes et le sternum de la 1 ère paire à la 10 ème. Ils sont individualisés pour chaque côte de la 1 ère à la 7 ème paire, mais ils sont communs pour les côtes dites asternales (8 ème, 9 ème et 10 ème côtes). Avec les côtes, les cartilages costaux forment les articulations costo-chondrales et avec le sternum, ils forment les articulations chondro-sternales. Ces structures assurent un point d’ancrage aux côtes tout en permettant une adaptabilité certaine du thorax du fait de leur structure cartilagineuse.
Toutes ces structures osseuses participant à la formation de la cage thoracique permettent d’assurer la protection des organes vitaux et la physiologie respiratoire de l’organisme en servant de point d’ancrage aux poumons et aux muscles respiratoires principal (diaphragme) et accessoires.
Qu’est-ce que le syndrome de Tietze ?
Le syndrome de Tietze (ou costochondrite ou syndrome costochondral) correspond à une inflammation du cartilage costal de la 2 ème ou 3 ème côte, unilatérale le plus souvent et caractérisée par une douleur aiguë et intense au niveau des articulations costo-chondrales ou chondro-sternales, surtout lors de leur mobilisation.
Il s’agit d’une pathologie plutôt rare dans la population.
Ses signes cliniques
Différents symptômes caractéristiques sont décrits dans le syndrome de Tietze :
- une douleur aigüe, exquise, localisée unilatéralement au niveau de l’articulation costo-chondrale ou chondro-sternale de la 2 ème ou 3 ème côte, évoquant une sensation de « broiement » des tissus, majorée à la moindre mobilisation du thorax et de l’épaule et lors de l’inspiration profonde, à la toux ou bien encore lors d’un éternuement
- une projection possible de la douleur en direction de l’épaule et / ou du cou
- une rougeur et une tuméfaction possible localisée au niveau du 2 ème ou 3 ème cartilage costal
- une exacerbation de la douleur décrite lors de la palpation du cartilage costal enflammé
Comme la douleur est exquise, thoracique et parfois diffusante, elle évoque très souvent de prime abord une étiologie cardiaque et nécessite avant toute chose l’exclusion d’une telle origine, relevant elle exclusivement d’une prise en charge médicale évidemment urgente.
Les causes du syndrome de Tietze
Il est fréquent de ne retrouver aucune cause connue à l’origine du syndrome de Tietze. On dit alors que la pathologie est idiopathique. Mais dans certaines situations, nous pouvons retrouver :
- un ou plusieurs antécédent(s) de choc thoracique
- des micro-traumatismes répétés (chez certains sportifs ou dans certains métiers)
- la réalisation de mouvements thoraciques « brutaux » et mal supportés
Ainsi, le syndrome de Tietze peut volontiers se retrouver chez les guitaristes ou les personnes qui secouent souvent des tapis en bord de fenêtre !
La prise en charge du syndrome de Tietze en ostéopathie
Lorsqu’un patient souffrant du syndrome de Tietze consulte en ostéopathie, le premier travail de l’ostéopathe consiste à analyser le mode d’apparition de la douleur et ses caractéristiques pour tenter de comprendre son origine. Le contexte dans lequel ce syndrome est apparu déterminera bien souvent la meilleure prise en charge à réaliser et aiguillera le praticien dans le choix des conseils qu’il pourra donner à son patient.
Pour cela, l’ostéopathe réalise un interrogatoire détaillé ainsi qu’un examen clinique précis. Comme nous l’avons vu précédemment, les symptômes du syndrome de Tietze évoquent souvent une atteinte cardiaque, et si cela n’a pas été exclu par des examens médicaux, l’ostéopathe peut être amené à réorienter son patient afin de s’assurer qu’une prise en charge médicale adaptée soit d’abord réalisée et qu’il bénéficie bien de la norme de soin. Lorsque tout risque de pathologie cardiaque sous-jacente est éliminée, et uniquement dans ce cas, la prise en charge ostéopathique est alors possible et indiquée.
L’ostéopathe effectue alors un bilan palpatoire précis à la recherche de dysfonctions somatiques directement ou indirectement en lien avec le syndrome de Tietze, pouvant induire et favoriser les symptômes de cette inflammation. Il peut notamment s’agir de restriction de mobilité vertébrale thoracique, d’une restriction de mobilité d’une articulation costo-chondrale ou chondro-sternale, d’un trouble de tonicité de certains muscles de la paroi thoracique, notamment des muscles inter-costaux, du muscle triangulaire du sternum, d’une perte d’élasticité viscéro-thoracique (fascia endothoracique, plèvre pariétale, péricarde fibreux, ligament sterno-péricardique, ligaments du dôme pleural, etc …).
L’ostéopathe a donc pour objectif de lever les dysfonctions diagnostiquées en mettant en place les techniques les plus adaptées, les plus confortables et surtout les plus efficaces pour soigner son patient. Elles peuvent être de différents types selon l’objectif du praticien. Il peut choisir de concentrer son action sur la mobilité ostéo-articulaire grâce à des techniques manipulatives ou des techniques de mobilisation passive. Il peut aussi choisir de spécifier son action sur des troubles de tonicité musculaire grâce à des techniques de ponçage, myotensives ou bien encore d’étirements spécifiques. Il peut également choisir d’agir sur l’élasticité aponévrotique grâce à des techniques plus spécifiques à visée fascia, etc … En bref, l’ostéopathe dispose d’un panel de techniques qu’il inclus dans un traitement holistique afin de permettre la meilleure prise en charge possible pour son patient !
Un plan thérapeutique sur plusieurs consultations peut parfois être nécessaire selon la sévérité et l’ancienneté des symptômes décrits et du schéma dysfonctionnel diagnostiqué. D’autre part, des conseils pourront être apportés pour diminuer l’impact d’éventuels facteurs favorisants le syndrome de Tiezte afin d’éviter la rechute et garantir la pérennité des résultats de la prise en charge ostéopathique.
Si vous avez une question sur cet article « Ostéopathie et syndrome du Tietze », n’hésitez pas à me contacter !