Le syndrome du défilé thoraco-brachial est une indication à consulter en ostéopathie. Retrouvez dans cet article tout ce qu’il faut savoir à son sujet afin de mieux comprendre comment un ostéopathe prend en charge cette atteinte douloureuse souvent invalidante.
Préambule anatomique sur le défilé thoraco-brachial
Le défilé thoraco-brachial correspond au passage d’un paquet vasculo-nerveux rejoignant le membre supérieur, entre la base du cou, le sommet du thorax et le bras. Différents composants constituent cet important ensemble à la fois vasculaire et neurologique :
- le plexus brachial, dont les racines se trouvent en C5, C6, C7, C8 et T1, correspondant à un enchevêtrement de fibres nerveuses innervant tout le membre supérieur, diffusant des branches collatérales sur tout son trajet avant de donner 7 nerfs terminaux, que sont : le nerf musculo-cutané, le nerf médian, le nerf ulnaire, le nerf cutané médial de l’avant-bras, le nerf cutané du bras, le nerf axillaire et enfin, le nerf radial. Le rôle du plexus brachial est d’assurer l’innervation sensitive et motrice du membre supérieur
- l’artère subclavière : c’est l’artère d’origine de tout le membre supérieur, située dans la région de l’orifice supérieur du thorax, dans la région claviculaire. Elle est issue de la bifurcation du tronc artériel brachio-céphalique à droite et de la crosse aortique à gauche. L’artère subclavière participe à la vascularisation du crâne, de la zone cervicale, du thorax et de la scapula
- l’artère axillaire : elle fait suite à l’artère subclavière, part du bord postérieur de la clavicule et se dirige vers l’humérus sur le trajet du plexus brachial. Elle a un rapport important avec le muscle petit-pectoral, se termine par l’artère brachiale et participe à la vascularisation de la scapula et des autres parois axillaires
- la veine axillaire : elle prend naissance à hauteur du muscle grand rond et constitue la réunion de la veine basilique avec la veine brachiale. Elle permet le drainage vasculaire du bras et de la poitrine et prend fin au niveau du bord externe de la première côte où elle devient la veine subclavière
- la veine subclavière : la veine subclavière constitue le prolongement de la veine axillaire qui draine le bras. Elle s’étire du bord extérieur de la première côte et se dirige vers l’extrémité sternale de la clavicule, où elle s’unit à la veine jugulaire interne et forme la veine brachio-céphalique qui se jette dans la veine cave supérieure
Définition du syndrome du défilé thoraco-brachial
Le syndrome du défilé thoraco-brachial correspond à la compression d’une partie du paquet vasculo-nerveux au sein du défilé thoraco-brachial, à l’origine de différents symptômes évocateurs. Plusieurs localisations de compression sont possibles, notamment :
- au niveau du défilé costo-claviculaire : entre la clavicule et la première côte
- au niveau du défilé inter-scalénique : entre le faisceau antérieur et le faisceau moyen du muscle scalène
- au niveau du défilé de l’appareil suspenseur de la plèvre : formé notamment par trois ligaments qui sont le ligament transverso-pleural, le ligament vertébro-pleural et le ligament costo-pleural, au dessus du dôme pleural
- au niveau de la région rétro-claviculaire
- au niveau de la région rétro-pectorale : en arrière du muscle petit pectoral
- au niveau de la région rétro-subclavière : en arrière du muscle subclavier
- au niveau de la région antérieure de la tête humérale
Le syndrome du défilé thoraco-brachial n’est pas un syndrome rare, mais il reste pour autant un syndrome méconnue, dont la prévalence concerne essentiellement les femmes jeunes entre 25 et 50 ans. Il peut débuter comme une simple gêne mais peut parfois devenir invalidant au quotidien, à reproduire des symptômes jusque dans les moindres gestes du quotidien.
Les symptômes du défilé thoraco-brachial
Le syndrome du défilé thoraco-brachial peut prendre plusieurs formes, selon la structure anatomique comprimée :
– si la compression concerne le plexus brachial : les symptômes seront alors ceux d’une atteinte neuropathique, à savoir :
- des douleurs lancinantes, brûlantes, en regard des cervicales, de l’épaule, du creux axillaire, voire du bras, de l’avant-bras et de la main
- des paresthésies possibles sur tout le territoire nerveux innervé : fourmillements, picotements, engourdissements
- une hypoesthésie se traduisant par une baisse de la sensibilité au toucher de la peau du territoire nerveux concerné
- un déficit moteur des muscles innervés par les structures du plexus brachial comprimées, allant de la faiblesse musculaire à la paralysie dans les stades sévères, et possiblement associée à une amyotrophie
– si la compression concerne une structure veineuse : une altération du drainage veineux du membre supérieur sera responsable des symptômes suivants :
- un oedème plus ou moins diffus de la main, de l’avant-bras et du bras
- une douleur diffuse associée à une sensation de pesanteur du membre supérieur
- des paresthésies possibles dans une partie ou la totalité du membre supérieur : fourmillements, picotements, engourdissements
- des signes de cyanose avec une main colorée apparaissant bleuâtre
- une sensibilité modifiée (dysesthésies) au chaud et / ou au froid de la peau d’une partie ou de la totalité du membre supérieur
- une phlébite du membre supérieur par formation d’une occlusion veineuse axillaire ou subclavière
- un lacis veineux apparaissant sur l’épaule et l’hémi-thorax correspondant
– si la compression concerne une structure artérielle : une altération de l’apport de sang dans le membre supérieur sera responsable des symptômes suivants :
- une faiblesse musculaire lors de l’utilisation du membre supérieur
- des douleurs diffuses, surtout à l’effort
- une hypoesthésie se traduisant par une baisse de la sensibilité au toucher de la peau du membre supérieur
- une sensibilité modifiée (dysesthésie) au chaud et / ou au froid de la peau d’une partie ou de la totalité du membre supérieur
- un pouls diminué ou absent dans le bras atteint
- des doigts pâles voire blancs, froids (syndrome de Raynaud)
- une masse pulsatile possible aux abords de la clavicule : anévrisme de l’artère subclavière
– si la compression concerne à la fois des structures neurologiques et vasculaires, le syndrome du défilé thoraco-brachial prendra une forme mixte, traduisant une atteinte double : neurologique et vasculaire
SES causes possibles
Il existe de nombreuses causes à l’apparition d’un syndrome du défilé thoraco-brachial. Nous pouvons retrouver :
- la présence d’une côte surnuméraire cervicale congénitale
- présence d’une apophysomégalie transversale congénitale de C7
- la présence d’un cal osseux claviculaire post-traumatique, après une fracture notamment
- des blessures répétées liées notamment à la pratique de certaines activités sportives
- une hypertrophie et / ou une hypertonie de certains tissus musculaires constituants le défilé thoraco-brachial : muscle petit-pectoral, muscle subclavier, muscle scalène
- un morphotype caractéristique favorisant la compression : long cou, épaules tombantes et enroulées en avant
- l’obésité
- la pratique de certaines activités sportives ou professionnelles contribuant à l’augmentation de contraintes chroniques dans la région du défilé thoraco-brachial
- la grossesse par la modification morphologique du corps et la laxité qui y est associée
- une pathologie sous-jacente comme le syndrome de Pancoast-Tobias
- une étiologie d’origine fonctionnelle, favorisant la compression des structures anatomiques au sein du défilé thoraco-brachial par réaction tissulaire réflexe de défense
SES traitementS
Le choix du traitement dépend de différents critères, notamment :
- du siège de la compression
- du type de compression : artérielle, vasculaire ou mixte
- de l’origine de la compression : anatomique, post-traumatique, pathologique ou fonctionnelle
- du retentissement des symptômes sur la qualité de vie du patient
- du type d’activité du patient, de sa morphologie et de son âge : musculature, surpoids, obésité, type et intensité de l’activité sportive pratiquée, activité professionnelle, etc …
On distingue alors :
- le traitement conservateur : traitement médicamenteux (AINS, antalgique, injection de toxine botulique …), rééducation en kinésithérapie et prise en charge en ostéopathie
- le traitement chirurgical : il est mis en place après échec du traitement conservateur ou lorsqu’une étiologie découverte le nécessite
La prise en charge du syndrome du défilé thoraco-brachial en ostéopathie
Lorsqu’un patient souffrant d’un syndrome du défilé thoraco-brachial consulte en ostéopathie, le premier travail de l’ostéopathe consiste à analyser le mode d’apparition de la douleur et ses caractéristiques pour tenter de comprendre son origine. Le contexte dans lequel ce syndrome est apparu déterminera bien souvent la meilleure prise en charge à réaliser et aiguillera le praticien dans le choix des conseils qu’il pourra donner à son patient.
Pour cela, l’ostéopathe réalise un interrogatoire détaillé ainsi qu’un examen clinique précis. Si cela est nécessaire, il peut être amené à réorienter son patient chez son médecin traitant afin de s’assurer qu’une prise en charge médicale adaptée soit d’abord réalisée et qu’il bénéficie bien de la norme de soin.
Une fois écarté toute cause dont le traitement ne rentrerai par dans son champ de compétence, l’ostéopathe effectue un bilan palpatoire précis. Dans le syndrome du défilé thoraco-brachial, le but de l’ostéopathie est de traiter toutes les origines fonctionnelles favorisants ou entretenants les symptômes et traiter les dysfonctions somatiques en lien avec une autre cause sous-jacente pouvant être diagnostiquée. Pour cela, l’ostéopathe recherche les zones anatomiques ayant réagi en s’adaptant à différentes contraintes sous l’impulsion d’un réflexe neurologique de protection, pouvant favoriser la réaction de certains tissus, et donc la compression des structures neurologiques et / ou vasculaires au sein du défilé thoraco-brachial. Cela peut être une restriction de mobilité de la première côte, de la clavicule ou de la tête humérale, une hypertonie musculaire du muscle petit pectoral, du scalène ou bien encore du muscle subclavier, une perte d’élasticité de un ou plusieurs ligaments suspenseurs de la plèvre, etc …
L’ostéopathe a donc pour objectif de lever ces réactions de défense en mettant en place les techniques les plus adaptées, les plus confortables et surtout les plus efficaces pour soigner son patient. Elles peuvent être de différents types selon l’objectif du praticien. Il peut choisir de concentrer son action sur la mobilité ostéo-articulaire grâce à des techniques manipulatives ou des techniques de mobilisation passive. Il peut aussi choisir de spécifier son action sur des troubles de tonicité musculaire grâce à des techniques de ponçage, myotensives ou bien encore d’étirements spécifiques. Il peut également choisir d’agir sur l’élasticité aponévrotique grâce à des techniques plus spécifiques à visée fascia, etc … En bref, l’ostéopathe dispose d’un panel de techniques qu’il inclus dans un traitement holistique afin de permettre la meilleure prise en charge possible pour son patient !
Un plan thérapeutique sur plusieurs consultations peut-être nécessaire selon la sévérité des symptômes décrits et du schéma dysfonctionnel diagnostiqué. D’autre part, des conseils pourront être apportés pour diminuer l’impact d’éventuels facteurs favorisants le syndrome du défilé thoraco-brachial afin d’éviter la rechute et garantir la pérennité des résultats de la prise en charge ostéopathique.
Si vous avez une question sur cet article « Syndrome du défilé thoraco-brachial et ostéopathie », n’hésitez pas à me contacter !