Cet article a pour but d’exposer les résultats de la comparaison de l’efficacité entre l’ostéopathie et l’injection d’anti-inflammatoire dans la prise en charge de la cervicalgie aiguë commune en services d’urgences hospitalières.
Introduction
La cervicalgie aiguë commune est une douleur non spécifique située en regard de la nuque, installée depuis moins de quatre semaines. La cervicalgie est qualifiée de « commune » ou de « non spécifique » lorsque aucune affection précise impliquant une cause pathologique ou traumatique n’est à l’origine de la douleur.
On estime en France que les deux tiers de la population ont été ou seront concernés par un épisode douloureux de la nuque au cours de leur vie. Les autorités de santé publique estiment la prévalence de la cervicalgie aiguë commune entre 1,7 % et 11,5 % de la population générale.
La cervicalgie commune est souvent associée à :
- une douleur située dans la nuque, pouvant diffuser de la base de la tête jusqu’aux épaules
- une raideur locale associée, avec une gêne voire une douleur reproduite lors des mouvements de tête ou d’épaule(s)
- des maux de tête (migraines, céphalées en casque, céphalées de tension, névralgie d’Arnold)
- des sensations vertigineuses
- des troubles auditifs (acouphènes, perte de l’acuité auditive)
- des troubles du champ visuel
- des contractures musculaires associées ou non à une attitude anormale positionnelle de la tête en cas de torticolis
- des troubles du sommeil
- une fatigabilité accrue
- des troubles de la concentration
De nombreux patients se présentent aux services des urgences lorsqu’ils présentent une cervicalgie aiguë commune. Lorsque toute pathologie ou blessure a été exclue de l’évaluation diagnostique, le traitement médical couramment utilisé en première intention consiste en la prise d’anti-inflammatoire par voie orale ou par injection intra-musculaire.
Des chercheurs ont alors voulu comparer l’efficacité d’un traitement anti-inflammatoire à un traitement ostéopathique chez des patients se présentant aux urgences avec une douleur aiguë de la région cervicale.
L’étude scientifique
Un essai clinique randomisé publié dans le « Journal of the American Osteopathic Association » en 2005 a inclus 58 patients souffrant de cervicalgie aiguë commune dans trois services d’urgences différents du Texas aux Etats-Unis. Les patients ont été répartis de manière aléatoire dans deux groupes distincts : un groupe de patients recevant une infiltration intramusculaire de 30 mg d’anti-inflammatoire non stéroïdien (Kétorolac) (29 patients) et un groupe de patients recevant uniquement un traitement ostéopathique (29 patients).
NB :
-1- il a été démontré que le Kétorolac injecté par voie intramusculaire est un analgésique efficace dans le traitement des troubles musculo-squelettiques aiguës.
-2- tous les patients ont été préalablement examinés, y compris au travers de radiographie de leur colonne cervicale, pour s’assurer qu’aucun d’entre eux ne présentait de contre-indication aux traitements proposés.
Les investigateurs de l’étude se sont intéressés à deux variables précises : l’évolution de l’intensité de la douleur et la qualité du soulagement obtenu évaluées par les patients une heure après le traitement reçu.
Résultats
Les résultats montrent que :
- les patients des deux groupes ont perçu une réduction significative de l’intensité de leur douleur
- mais les patients du groupe ayant été traité en ostéopathie ont rapporté une réduction significativement et nettement plus importante de l’intensité de leur douleur
- l’étude rapporte aussi que 27 % des patients ayant été traités par anti-inflammatoire ont connu des effets indésirables du type : douleur au bras, étourdissements, somnolence, dyspepsie, palpitation, nausées ou vomissements
Conclusion
Ces résultats viennent plébisciter l’efficacité de l’ostéopathie contre la cervicalgie aiguë commune. Les auteurs de l’étude affirment ainsi que l’ostéopathie est une alternative absolument valable au traitement anti-inflammatoire chez les patients souffrant de douleurs cervicales aiguës, permettant une réduction significative de l’intensité de la douleur sans effets secondaires associés comparables à ceux des anti-inflammatoires.
D’autres études étendent ces résultats à la lombalgie aiguë commune qui, dans 90 % des cas, ne retrouvent aucune cause médicale (suite de traumatisme ou pathologie).
L’intégration plus systématique des traitements ostéopathiques dans les services hospitaliers et notamment dans les services d’urgences permettrait d’apporter des bénéfices considérables dans la prise en charge pluri-disciplinaire des patients.
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