La névralgie intercostale est une indication à consulter en ostéopathie. Retrouvez dans cet article tout ce qu’il faut savoir à son sujet afin de mieux comprendre comment un ostéopathe prend en charge cette atteinte douloureuse souvent invalidante.
Préambule anatomique : les nerfs intercostaux
Les nerfs rachidiens (ou nerfs spinaux) sont formés par la réunion d’une racine ventrale motrice et d’une racine dorsale sensitive (portant un ganglion, appelé ganglion spinal) issues de la moelle épinière, à chaque étage vertébral. Le nerf rachidien émerge de la colonne vertébrale par un foramen, appelé foramen intervertébral ou trou de conjugaison.
Nous retrouvons 31 paires de nerfs spinaux, se regroupant comme suit :
- 8 paires cervicales (de C1 à C8)
- 12 paires thoraciques (de T1 à T12)
- 5 paires lombaires (de L1 à L5)
- 5 paires sacrées (de S1 à S5)
- 1 paire coccygienne (C0)
Tous les nerfs rachidiens ainsi formés se divisent en deux branches :
- une branche postérieure permettant l’innervation des régions postérieures du tronc en conservant une distribution très segmentaire selon une division dite métamérique
- une branche antérieure dont la distribution est très remaniée
Les nerfs intercostaux sont en fait les branches antérieures des nerfs rachidiens thoraciques issues de la première racine dorsale (T1) à la douzième racine dorsale (T12). Il pénètrent dans les espaces intercostaux entre la partie inférieure de la côte sus-jacente et la partie supérieure de la côte sous-jacente (sauf pour le rameau ventral de T12 cheminant simplement sous la 12 ème côte et qui est ainsi appelé « nerf sub-costal »).
Excepté pour le premier nerf intercostal et le nerf sub-costal (12ème nerf intercostal), tous les autres nerfs intercostaux cèdent différentes branches collatérales dont les principales sont :
- la branche latérale (ou rameau latéral) : elle innerve une grande partie des tissus latéraux du thorax et de l’abdomen
- la branche antérieure (ou rameau antérieur) : elle donne notamment à chaque étage le nerf cutané antérieur à l’extrémité antérieur de l’espace intercostal, connu notamment pour être à l’origine du syndrome du nerf cutané antérieur lorsqu’il est comprimé
Les nerfs intercostaux sont étroitement liés au système musculaire puisqu’ils cheminent avec les muscles intercostaux internes et externes dans le thorax, et dans l’abdomen, ils cheminent en plus entre le muscle oblique interne et le muscle transverse.
Tous les nerfs intercostaux ont une fonction dite mixte : sensitive pour la peau et la plèvre pariétale et motrice pour les muscles de la paroi thoracique et abdominale. Ils ont un rôle important dans le mécanisme respiratoire en assurant l’innervation du diaphragme (par les 6 derniers nerfs intercostaux), muscle respiratoire principal et via l’innervation des muscles intercostaux internes et externes, qui sont eux des muscles respiratoires accessoires.
Les nerfs intercostaux contiennent aussi des fibres neurovégétatives destinées aux ganglions sympathique de la chaine ganglionnaire latéro-vertébrale, via les rameaux communicants blancs en avant de la tête de côte, et qui vont pour certains participer à la formation de différents plexus, notamment : le plexus brachial (pour le premier nerf intercostal uniquement) et le plexus cardiaque (pour le 2 ème, 3 ème, 4 ème et 5 ème nerf intercostal). Certains vont aussi former les nerfs grands splanchniques (pour le 6 ème, 7 ème, 8 ème, 9 ème et 10 ème nerf intercostal), le nerf petit splanchnique (pour le 10 ème et 11 ème nerf intercostal) et le nerf splanchnique inférieur (pour le nerf-subcostal uniquement). Ces derniers participent à la formation du plexus coeliaque (anciennement appelé le plexus solaire) donnant de nombreux autres plexus secondaires (plexus supra-rénal et rénal, plexus splénique, plexus hépatique, plexus mésentérique supérieur, etc …). Toutes ces structures assurent l’innervation neurovégétative orthosympathique de la sphère viscérale thoracique et abdominale.
Qu’est-ce que la névralgie intercostale ?
La névralgie intercostale correspond à l’irritation d’un nerf intercostal responsable d’une douleur suivant le trajet d’une ou de plusieurs côtes, selon l’étage du nerf atteint concerné, du rachis à la partie antérieure du thorax ou de l’abdomen. Dans la majorité des cas, la douleur qui peut être décrite continue ou plus intermittente, fugace et intense est seulement unilatérale. La douleur est très souvent amplifiée par les mouvements actifs du tronc voire des membres supérieurs, par l’inspiration profonde, les éternuements et la toux.
Comme il s’agit d’une atteinte neuropathique, la douleur s’accompagne volontiers de symptômes névralgiques.
Ses signes cliniques
En plus de la douleur suivant le trajet du nerf intercostal irrité, une grande variété d’autres symptômes peut être décrit. Nous retrouvons, parmi les plus fréquemment rencontrés :
- une douleur associée dorsale « en coup de poignard » et / ou une douleur rétro-sternale
- une difficulté respiratoire notamment à l’inspiration profonde, plus ou moins associée à une sensation d’oppression thoracique
- une sensation d’irradiation électrique ou de brûlure sur le trajet du nerf intercostal atteint
- des paresthésies sur le territoire nerveux atteint : fourmillements, picotements, engourdissements
- une dysesthésie, une hypoesthésie ou une hyperesthésie sur le territoire nerveux correspondant, c’est à dire une sensation anormale ou une sensibilité diminuée ou exagérée à une stimulation non douloureuse (au toucher, à l’effleurement, au contact du froid ou du chaud, etc …)
Les causes de la névralgie intercostale
Plusieurs origines possibles peuvent être responsables des symptômes évoquant une névralgie intercostale :
- une pathologie rhumatismale telle qu’une arthrose vertébrale évoluée ou une pathologie inflammatoire entraînant l’irritation d’un nerf intercostal, comme la spondylarthrite ankylosante
- une pathologie tumorale, restant très rare dans l’étiologie d’une névralgie intercostale
- un zona
- suite post-opératoire de chirurgie thoracique
- une fracture de côte
- une lésion musculaire post-traumatique des muscles intercostaux ou des muscles de la paroi abdominale
- une entorse ligamentaire : elle peut concerner le ligament intra-articulaire de la tête de côte et le ligament radié de la tête de côte pour l’articulation propre de la tête de côte et les ligaments costo-transversaire, costo-transversaire latéral et costo-transversaire supérieur pour l’articulation costo-transversaire propre, sans oublier le ligament lombo-costal de Henlé, pour la 12 ème côte
- la grossesse par la modification morphologique du corps et les contraintes consécutives pouvant s’appliquer autour d’un nerf intercostal
- une étiologie d’origine dysfonctionnelle, qui est sans doute la cause la plus fréquente et dont le traitement rentre dans l’indication d’une prise en ostéopathique : il s’agit d’une altération de la mobilité́, de la viscoélasticité́ ou de la texture des composantes du système somatique environnant le trajet d’un nerf intercostal
La prise en charge de la névralgie intercostale en ostéopathie
Lorsqu’un patient souffrant d’une névralgie intercostale consulte en ostéopathie, le premier travail de l’ostéopathe consiste à analyser le mode d’apparition de la douleur et ses caractéristiques pour tenter de comprendre son origine. Le contexte dans lequel ce syndrome est apparu déterminera bien souvent la meilleure prise en charge à réaliser et aiguillera le praticien dans le choix des conseils qu’il pourra donner à son patient.
Pour cela, l’ostéopathe réalise un interrogatoire détaillé ainsi qu’un examen clinique précis. Si cela est nécessaire, il peut être amené à réorienter son patient chez son médecin traitant afin de s’assurer qu’une prise en charge médicale adaptée soit d’abord réalisée et qu’il bénéficie bien de la norme de soin.
Une fois écartée toute cause dont le traitement ne rentrerai par dans son champ de compétence, l’ostéopathe effectue un bilan palpatoire précis. Le but de l’ostéopathie est de traiter toutes les dysfonctions somatiques directement ou indirectement à l’origine des symptômes de la névralgie intercostale. Pour cela, l’ostéopathe recherche les zones anatomiques ayant réagi en s’adaptant à différentes contraintes sous l’impulsion d’un réflexe neurologique de protection, pouvant favoriser la réaction de certains tissus, et donc l’irritation d’un nerf intercostal à l’origine de la névralgie. Cela peut être une restriction de mobilité d’une articulation costo-vertébrale, une hypertonie des muscles inter-costaux, une hypertonie d’une coupole du diaphragme, une hypertonie d’un muscle de la paroi abdominal (notamment le muscle oblique interne et le muscle transverse), etc …
L’ostéopathe a donc pour objectif de lever ces réactions de défense en mettant en place les techniques les plus adaptées, les plus confortables et surtout les plus efficaces pour soigner son patient. Elles peuvent être de différents types selon l’objectif du praticien. Il peut choisir de concentrer son action sur la mobilité ostéo-articulaire grâce à des techniques manipulatives ou des techniques de mobilisation passive. Il peut aussi choisir de spécifier son action sur des troubles de tonicité musculaire grâce à des techniques de ponçage, myotensives ou bien encore d’étirements spécifiques. Il peut également choisir d’agir sur l’élasticité aponévrotique grâce à des techniques plus spécifiques à visée fascia, etc … En bref, l’ostéopathe dispose d’un panel de techniques qu’il inclus dans un traitement holistique afin de permettre la meilleure prise en charge possible pour son patient !
Un plan thérapeutique sur plusieurs consultations peut parfois être nécessaire selon la sévérité des symptômes décrits et du schéma dysfonctionnel diagnostiqué. D’autre part, des conseils pourront être apportés pour diminuer l’impact d’éventuels facteurs favorisants la névralgie intercostale afin d’éviter la rechute et garantir la pérennité des résultats de la prise en charge ostéopathique.
Si vous avez une question sur cet article « Ostéopathie et névralgie intercostale », n’hésitez pas à me contacter !