
Préambule anatomique
Au niveau du genou, le nerf sciatique se divise en deux branches terminales : le nerf fibulaire commun (ou nerf sciatique poplité externe) qui innerve les muscles et les téguments de la région antéro-externe de la jambe et de la région dorsale du pied, et le nerf tibial (ou nerf sciatique poplité interne) qui innerve tous les autres muscles de la jambe, les muscles de la plante du pied et les téguments de la région plantaire du pied.
Le nerf tibial a un trajet vertical et médian au niveau de la jambe, puis a un trajet rétro-malléolaire interne, pour donner à son tour deux branches terminales au sein du canal tarsien :
- le nerf plantaire médial : il permet l’innervation sensitive des 1er, 2 ème et 3 ème espaces interosseux à la région plantaire du pied, du talon et de la partie interne du pied. Il assure également l’innervation motrice de certains muscles (abducteur du I, court fléchisseur du I, chair carrée de Sylvius, court fléchisseur des orteils, certains muscles lombricaux du pied) et donne des collatérales articulaires pour les articulations du tarse
- le nerf plantaire latéral : il permet l’innervation sensitive du 4 ème espace interosseux à la région plantaire du pied, de la plante du pied et des téguments du talon via le nerf calcanéen médial, aussi appelé nerf de Baxter. Il assure également l’innervation motrice de certains muscles (chair carrée de Sylvius, abducteur du petit orteil, court fléchisseur du petit orteil, muscle opposant du petit orteil, les muscles interosseux plantaires et dorsaux du pied, le muscle adducteur de l’hallux et certains muscles lombricaux). A noter que le nerf calcanéen médial, qui a été décrit ici comment étant une branche collatérale du nerf plantaire latéral, peut parfois directement naître du nerf tibial (comme montré ci-dessous).

Qu’est ce que la neuropathie de Baxter ?
La neuropathie de Baxter correspond à la compression du nerf calcanéen médial entre certaines structures musculo-ligamentaires et osseuses de l’arrière-pied.
Son incidence et sa prévalence ne sont pas bien connue, mais il est souvent considéré que la neuropathie de Baxter est responsable d’environ 20 % des douleurs de l’arrière-pied.
Étiologies
Nous pouvons retrouver :
- une fasciite plantaire (ou « aponévrosite plantaire »)
- la conséquence de micro-traumatismes répétés, à l’origine d’un conflit loco-régionnal à proximité du nerf calcanéen médial
- une tumeur bénigne compressive : lipomes ou neurinomes
- la présence d’un kyste
- les séquelles de traumatisme(s) : antécédent de fracture, épaississement d’un tissu à proximité du nerf de Baxter, etc …
- un trouble architectural du pied : pied plat, anomalie statique de l’arrière pied, etc …
- un trouble postural du pied : hyperpronation du pied notamment
- le port de chaussures mal adaptées
- un diabète
- un gonflement de la cheville en raison d’une pathologie systémique : rhumatisme (arthrose, polyarthrite rhumatoïde, crise de goutte, etc …), insuffisance veineuse, insuffisance rénale, trouble thyroïdien
- l’obésité
Les signes cliniques de la neuropathie de Baxter
La neuropathie de Baxter est responsable :
- d’une douleur mal systématisée pouvant être localisée à la partie antéro-médiale du calcaéneum (talon) et sur le versant latéral du pied pied, en particulier lors de la marche ou de la station debout prolongée, et diminuant avec le repos
- de symptômes névralgiques dans le territoire innervé par le nerf calcanéen médial, à savoir : des paresthésies (fourmillements, picotements, engourdissements), une dysesthésie (sensation anormale désagréable, qui peut être spontanée ou provoquée), une allodynie (douleur causée par un stimulus qui, normalement, n’est pas douloureux), une hypoesthésie (diminution de la sensibilité à une stimulation non douloureuse) et plus rarement une parésie (trouble moteur), notamment du muscle abducteur du 5 ème orteil
D’autre part, la symptomatologie de la neuropathie de Baxter peut être difficilement distinguée de celle de la fasciite plantaire et ces deux pathologies peuvent être étroitement intriquées.
Traitements
La prise en charge de la neuropathie de Baxter varie selon son étiologie, sa sévérité et l’impact des symptômes dans la vie quotidienne de la personne qui en souffre. Idéalement, elle doit être la plus précoce possible :
- le traitement est d’abord dit « conservateur » dans les formes précoces et / ou bien supportées de cette atteinte. Le but d’un tel traitement est avant tout d’agir sur la fonction biomécanique du pied et de la cheville afin de moduler la symptomatologie décrite :
-
- prévention : repos, modification de certaines activités, perte de poids, modification du chaussage, etc …
- mesures non pharmacologiques : bilan postural, port de semelles podologiques, rééducation en kinésithérapie (exercices de mobilisation, massage, étirements, K-tape, renforcement musculaire, etc …), ostéopathie, etc …
- le traitement médicamenteux : il repose avant tout sur la prise en charge d’une maladie systémique pouvant être à l’origine des symptômes de la neuropathie de Baxter : goutte, diabète, polyarthrite rhumatoïde, etc … Il consiste également en la prescription d’antalgiques et / ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Enfin, il peut aussi reposer sur l’infiltration de corticoïdes, pouvant être répétée
- l’intervention chirurgicale : elle est proposée dans les formes évoluées et lorsque la douleur est réfractaire aux traitements conservateur et médicamenteux. Elle consiste en une libération chirurgicale du nerf de Baxter et à la suppression de son éventuelle compression
La prise en charge de la neuropathie de Baxter en ostéopathie
L’ostéopathie peut accompagner un patient souffrant de la neuropathie de Baxter dans la réalisation de son traitement conservateur. La prise en charge ostéopathique s’inscrit dans un traitement pluri-disciplinaire indispensable à la réalisation de la norme de soin de cette pathologie.
L’objectif d’une prise en charge en ostéopathie est de traiter les éventuelles dysfonctions somatiques diagnostiquées plus ou moins à distance des tissus atteints (altération de la mobilité, de la viscoélasticité ou de la texture des composantes du système somatique) et pouvant participer à l’entretien de la symptomatologie du patient, pour permettre ainsi de potentialiser les effets du traitement dit conservateur.
L’ostéopathe peut par exemple être amené à traiter une restriction de mobilité d’une articulation propre du pied (arrière-pied, médio-pied, avant-pied), un trouble de tonicité neuro-musculaire de la voûte plantaire ou plus à distance, du complexe articulaire du genou, etc …
L’ostéopathe mettra en place les techniques les plus adaptées, les plus confortables et surtout les plus efficaces pour prendre en charge au mieux son patient. Elles peuvent être de différents types selon l’objectif du praticien. Il peut choisir de concentrer son action sur la mobilité ostéo-articulaire grâce à des techniques manipulatives ou des techniques de mobilisation passive. Il peut aussi choisir de spécifier son action sur des troubles de tonicité musculaire grâce à des techniques de ponçage, myotensives ou bien encore d’étirements spécifiques. Il peut également choisir d’agir sur l’élasticité aponévrotique grâce à des techniques plus spécifiques à visée fascia, etc … En bref, l’ostéopathe dispose d’un panel de techniques qu’il inclus dans un traitement holistique afin de permettre la meilleure prise en charge possible pour son patient !
Si vous avez une question sur cet article « La neuropathie de Baxter », n’hésitez pas à me contacter !
